Licence européenne
et contrôle de gestion
Il ne faut pas désespérer, du moins pas de tout. Réunie en comité
exécutif à Nyon, son siège social suisse, l'UEFA a annoncé quelques
avancées sur le dossier de la "DNCG européenne" qu'elle doit mettre
en place d'ici à quelques années, afin d'instaurer un contrôle de
la gestion des clubs auquel sera suspendue l'obtention d'une licence
indispensable pour participer aux épreuves continentales.
La bonne nouvelle est qu'une période de test va commencer dès l'automne
dans un certain nombre d'associations: Angleterre, Pays-Bas, Luxembourg,
Norvège, Suède, Ecosse, Slovénie et Espagne. La présence dans l'échantillon
de cette dernière nation, souvent montrée du doigt pour le régime
d'exception qui permet à des clubs comme le Real de creuser en toute
impunité des déficits abyssaux tout en recevant des récompenses
sportives, est plutôt une bonne chose. Mais la mauvaise nouvelle
est que la mise en application de ce système n'interviendra pas
avant la saison 2003/2004. La précipitation n'est pas de mise en
la matière, et l'UEFA est soucieuse de laisser un délai à certaines
ligues pour qu'elles effectuent un urgent ménage avant que leurs
dessous ne soient révélés. Autre bémol: dans un premier temps, il
reviendra aux associations nationales d'appliquer elles-mêmes la
charte et de sanctionner le cas échéant leurs clubs fautifs. Si
de telles démarches sont devenues naturelles en France (sous réserve
que les nouveaux maîtres de la Ligue ne s'en affranchissent pas),
on peut douter que la même intransigeance soit de mise dans quelques
pays ou les grands clubs disposent de moyens de pression rédhibitoires
pour les pouvoirs sportifs.
Cette licence européenne n'impose pas seulement des contraintes
de transparence financière, mais obligera aussi les clubs à satisfaire
à des obligations administratives et techniques, selon un cahier
des charges encore à définir, mais qui concernera les infrastructures
(formation, accueil de la presse et des spectateurs, sécurité du
stade) et les hommes (entraîneurs diplômés UEFA, équipes médicales,
organigrammes clairs etc.). À suivre…
Plus de matches, moins de sport
Autre réforme envisagée par l'UEFA, celle des coupes européennes.
Malheureusement, là où nous attendions une remise en cause claire
d'une Ligue des champions lourdissime (voir Quel
avenir pour les Coupes d'Europe?, 20/12/00), c'est la refonte
de la Coupe de l'UEFA qui semble à l'ordre du jour, avec une transformation
en Champions League second division qui étendrait le système
des phases de poules à la dernière compétition à élimination directe.
Autant dire la mort d'une certaine idée des coupes d'Europe. Les
clubs, notamment les clubs dits "moyens" ont en effet plaidé en
faveur de cette réforme, pour des raisons financières évidentes
puisqu'elle leur garantirait un minimum de matches à disputer sans
risquer une éviction au premier tour. Étonnante propension des dirigeants
à supprimer tout risque sportif, au profit de mini championnats
dont l'intérêt sportif n'est pas leur préoccupation première, pas
plus que la surcharge des calendriers, la fréquentation de stades,
la santé des joueurs ou les risques accrus de dopage…
De son côté, la Ligue des champions ne craint pas plus le ridicule
qu'une remise en cause de sa formule actuelle, puisqu'une majorité
de clubs (G14 en tête) s'est prononcée pour son maintien en l'état,
malgré les critiques de plus en plus virulentes, émanant parfois
même des grands clubs (comme le Bayern). Mais ce ne sont pas les
entraîneurs qui parlent au comité exécutif de l'UEFA, ce sont les
dirigeants… La confédération européenne risque donc de remiser ses
projets de réduction à un seul tour de poule, et c'est fort dommage.
Les faux passeports, c'est pas bien
Enfin, l'UEFA a tenté de prendre la mesure de la crise des faux
passeports en se faisant exposer par ses membres concernés (Italie,
France, Angleterre et Espagne) l'état des affaires en cours. Considérant
que celles-ci relèvent des justices nationales, elle attend la conclusion
des enquêtes avant d'envisager des sanctions sportives, se contentant
d'une déclaration d'intention aussi peu engageante que possible:
"Nous soutenons pleinement les démarches entreprises par nos associations
nationales, et nous incitons les autorités publiques concernées
à travailler en étroite collaboration avec les autorités du football
afin de prendre de front ce grave problème" (UEFA 05/02). Sur un
sujet aussi grave, on aurait préféré qu'elle profère autre chose
que des banalités. Mais la confédération sait, comme ses satellites
nationaux, que sa responsabilité est engagée dans le laxisme invraisemblable
qui a permis aux fraudes sur les nationalités de se banaliser à
grande échelle…
Date: 12/2/2001
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