ARGENTINE-NIGERIA :
1-0
Les premiers jours d’une Coupe du monde sont toujours l’occasion
d’évaluer les forces en présence, en particulier chez les favoris.
S’ils étaient devant leur télé, les adversaires de l’équipe d’Argentine
ont pu s’apercevoir que la réputation des Sud-américains n’était
en rien usurpée.
Malgré un score étriqué, la performance des hommes de Bielsa est
pour le moins impressionnante: dans une rencontre de très haut niveau,
ceux-ci ont développé un jeu d’une grande vivacité, alliant à leur
aisance technique un très gros pressing. Finalement placé en pointe
de l’attaque aux dépens de Crespo, Batistuta a bénéficié du gros
travail d’Ortega, particulièrement actif à droite. Le jeu a d’ailleurs
eu tendance à s’orienter sur ce côté, Sorin et Claudio Lopez ayant
été moins tranchants et disponibles sur l’autre.
Les Argentins ont été particulièrement efficaces
au plan de l’organisation défensive. Le petit Ogbeche s'est senti
bien seul face à son coéquipier Pochettino, posté comme à l’accoutumée
à droite de Samuel (dans l’axe), Placente prenant le côté gauche.
Si le jeune attaquant parisien n’a pas démérité par ses prises de
balle, il n’a pas pu frapper une seule fois au but, et c’est d’ailleurs
l’ensemble de la section offensive des Super Eagles qui a semblé
étouffée par Veron et ses coéquipiers — malgré quelques missiles
d'Okocha.
Comme souvent dans ce genre de match outrageusement dominé par une
formation, c’est le gardien adverse qui s’est le plus illustré,
malgré une unique sortie hasardeuse sur corner qui permet à Batistuta
d’inscrire un nouveau but en Coupe du monde. Sur l’ensemble du match,
la formation nigériane, face à une opposition haut de gamme et avec
une balance des occasions très défavorable, ne s’en sort peut-être
pas si mal (surtout dans l'optique d'un arbitrage final de la qualification
par le goal average)…
Le but
Sur un corner rentrant au deuxième poteau, Batistuta profite de
la passivité de l’ensemble de la défense et de ses propres coéquipiers
pour s’élever plus haut que tout le monde et placer une tête croisée
dans un angle très fermé, que West ne fait que toucher sans pouvoir
la repousser…
La phase de jeu
Juste après le quart d'heure de jeu, une séquence en première intention
entre les milieux argentins (dont Veron) permet à Batistuta de bénéficier
d’un bon ballon. Le goleador effectue un long contrôle qui élimine
le défenseur, mais pas le gardien, bien sorti à sa rencontre.
L’homme du match
Shorumnu, gardien Nigérian irréprochable sur sa ligne, qui a détourné
un nombre incalculable de ballons sur des frappes de Batistuta principalement
(dans le jeu et sur coups francs), ou de belles reprises, comme
celle de Sorin en seconde période (consécutive à un bel amorti de
la poitrine).
Bréviaire
miracle
Qui aurait pu prévoir qu’on verrait quatre joueurs de l’OM et du
PSG dans un match de Coupe du monde de ce niveau ?
fluo
Le Nigeria invente le maillot de sélection à la mode Borussia.
sous-Roland
Philippe Houy : "Un petit chef-d’œuvre d’arbitrage de Monsieur Veissière".
Si la France est éliminée prématurément, on sait déjà ou se logeront
les débris du chauvinisme des commentateurs.
ANGLETERRE-SUÈDE : 1-1
L'Angleterre n'a qu'à moitié réussi son entrée en jeu, et ce nul,
dans un groupe aussi ardu, sonne déjà comme une menace. L'équipe
d'Ericksson, avec une configuration à trois milieux offensifs (Heskey-Scholes-Beckham)
et deux attaquants (Owen-Vessel), a d'abord montré beaucoup de qualités
en première période, mais à elle a décliné en même temps que le
physique de Beckham, encore à court de compétition (et sorti à l'heure
de jeu). La défense avait pourtant donné quelques assurances, et
une volonté affirmée poussait les Blancs vers l'avant. Cole et Vassel
virevoltaient, Hargreaves et Scholes tenaient la baraque, Beckham
et Heskey faisaient la différence sur leurs ailes respectives. Le
Mancunien parvenait alors logiquement à déposer un corner sur la
solide tête de Campbell, qui ne cracha pas dans la soupe.
Mais la confiance s'effrita en seconde période,
à mesure que les Nordiques se mettaient à construire un jeu un peu
plus sophistiqué, posant des problèmes croissants à leurs adversaires.
Heskey sembla alors en exil le long de la ligne, Owen s'épuisait
en vain sans parvenir à se retourner vers le but et le milieu suédois
prenait très clairement le dessus. Une approximation défensive de
Mills (Dixon a un héritier) permettait alors à Alexandersson de
ramener les deux équipes à égalité. Ses coéquipiers auraient ensuite
pu faire le break si Lucic, Linderoth ou Larsson avaient remporté
leurs duels face à Seaman.
Le destin de l'Angleterre reste donc aléatoire,
tout comme son réel niveau. Les Suédois ne sont comme prévu pas
disposés à jouer les figurants. Exempts de la pression des favoris,
ils ont déjà montré qu'ils pouvaient s'enhardir…
|