Que doit-on penser d’une
équipe qui finit derrière l’Equateur dans son groupe de qualification
pour le Mondial ? Théoriquement, pas du bien, mais quand cette Nation
s’appelle Brésil on ne peut jurer de rien. Le vice-champion du Monde
connaît depuis plusieurs années une succession de scandales (faux
passeports, âges truqués, trafic de joueurs, corruption générale,
affaire Luxemburgo, contrat Nike…), mais le bazar ambiant dans les
instances nationales aurait provoqué l’explosion du système dans
plus d’un pays. Cette capacité incroyable à amortir les chocs, c’est
aussi ça le Brésil, pays d’excès s’il en est.
La Seleçao arrive cette année avec l’étiquette d’outsider. La remise
en état de marche de l’équipe par Scolari rend les pronostics sur
son compte plus qu'hasardeux, mais on notera seulement que l’Argentine
ou la France, deux des grands favoris, seront susceptibles de lui
barrer la route vers la finale (à condition bien sûr que ces deux
nations se qualifient)… Dans un groupe très confortable (Chine,
Costa Rica, Turquie), les Auriverde n'auront en tout cas aucune
excuse en début de tournoi.
Comme à chaque édition, le sélectionneur brésilien
sera le plus exposé de tous ses collègues. Il a lui-même placé sa
tête sur le billot en se refusant à sélectionner Romario, sauveur
désigné par le peuple. Son attaque reste pourtant redoutable, avec
trois R qui veulent dire Ronaldo-Rivaldo-Ronaldinho. D'ailleurs
la valeur et la structure de la seleçao se décrivent aisément. Devant
et sur les côtes, c'est très fort, derrière et dans l'axe, c'est
très incertain.
Le point fort
Avoir 130 joueurs de niveau international.
Les points faibles
Essayer de faire jouer ces 130 joueurs en même temps.
Avoir à supporter 180 millions de sélectionneurs. L'absence inexplicable
de Rivaldinho.
Le style de jeu
(début du cliché) Né au football sur les plages de Rio, le joueur
brésilien est un artiste divin qui danse avec le ballon et entretient
un rapport quasiment charnel avec lui. On dit qu’il n’est pas un
geste technique qui n’ait été inventé par un gamin de Bahia ou de
Sao Paulo (fin du cliché). Mais parfois, le style brésilien, c’est
aussi onze Djorkaeff sur le terrain.
Les grandes questions
Le Ronaldo bionique est-il plus solide que le précédent ?
Edmilson étant performant une année sur deux, doit-on considérer
qu’il achève cette saison ou qu’il commence la suivante?
Romario est-il le seul attaquant brésilien indispensable ?
Si l’équipe joue conformément aux souhaits de son sélectionneur,
faudra-t-il parler d’une scolarisation du Brésil ?
La sélection de Vampeta est-elle la preuve de la faiblesse de l'équipe?
L’objectif
Rester dans les trois premiers au classement FIFA.
La stratégie secrète
La grande spécialité des sélectionneurs brésiliens consiste à modifier
le schéma tactique à chaque match. Ce qui fait que la stratégie
secrète des brésiliens est la seule au monde à être vraiment secrète,
les joueurs eux-mêmes étant incapables de savoir la façon dont ils
vont jouer. Depuis quelques années, la stratégie du Brésil est donc
réputée pour être la plus efficace au niveau du concept mais la
plus foireuse au niveau du résultat.
Pourquoi le Brésil va gagner la Coupe du monde
Parce que cette année, il ne rencontrera pas le pays organisateur
en finale.
Pour respecter la règle de l'alternance entre Nike et Adidas.
Pour prouver que Pelé avait raison de réclamer une wild-card pour
son pays.
Pour que la France ait deux vrais champions du monde en D1 l’année
prochaine.
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