Mondial 2002 - Le judo, la recette anti-hooligans des policiers japonais
Les policiers de la ville japonaise de Sapporo, qui accueillera début
juin des matches des équipes anglaise et allemande dans le cadre de
la Coupe du monde 2002 de football, se préparent à l'arrivée potentielle
d'hooligans en perfectionnant leurs talents de judokas.
A cinq mois du coup d'envoi, des banderoles célèbrent déjà le Mondial,
co-organisé par le Japon et la Corée du Sud, dans cette station de ski
du grand nord japonais, pour le moment recouverte par une épaisse couche
de neige. Sapporo dépensera pas moins de 15 milliards de yens (130 M
EUR) pour accueillir notamment Argentine-Angleterre (Groupe F) le 7
juin, rencontre qui sera le plus grand événement sportif depuis les
jeux Olympiques d'hiver de 1972.
Le stade couvert de la cinquième ville japonaise hébergera aussi les
rencontres Allemagne-Arabie Saoudite (Gr. E), le 1er juin, et Italie-Equateur
(Gr. G), le 3 juin. Quarante mille spectateurs sont attendus à chaque
match dans le stade argenté flambant neuf, baptisé Sapporo Dome. La
police tient à ne pas être prise au dépourvu face à une éventuelle arrivée
massive de supporteurs violents.
Bâtons et filets
"Nous mettons en place des mesures complètes contre les hooligans car
les bagarres qui se sont produites en Europe pourraient se répéter ici",
estime Masatsugu Oi, superintendant de la police d'Hokkaido. Les affrontements
pendant la Coupe du Monde 1998 en France s'étaient soldés par soixante
blessés.
"Nous avons accru notre entraînement physique, en incluant la pratique
du judo et du kendo, pour compenser notre désavantage physique par rapport
aux étrangers qui sont plus costauds", explique M. Oi. Le département
régional de la police, qui a prévu de déployer plus de 700 agents anti-émeute
à chaque match, a aussi commandé des équipements spéciaux: des bâtons
pour crocheter les jambes des fuyards et des filets pour immobiliser
les hooligans. "Nous devons aussi apprendre un minimum de mots en anglais,
comme par exemple «stop» ou +mains en l'air+", précise M. Oi.
Ces mesures préventives ne rassurent pas la population. "Je suis très
inquiète des hooligans. Il paraît qu'ils détruisent les maisons", confie
Hiroko Taniuchi, une femme au foyer de 32 ans, dont l'appartement jouxte
le stade.
Vent de panique
Certains propriétaires de restaurants ou de bureaux envisagent carrément
de fermer boutique les jours de matches. "Nous réfléchissons à une éventuelle
fermeture", reconnaît Katsutoshi Sato, dirigeant d'une station service
située près du stade. Par crainte des débordements, la municipalité
a également renoncé à diffuser les matches sur écran géant dans le parc
Odori, en centre-ville. Face à ce vent de panique, il n'y a guère que
le bureau local de promotion du Mondial pour rester serein.
"Les hooligans ne sont qu'une minorité, la majorité des supporteurs
sont non violents. Nous espérons que les gens vont arrêter de paniquer
et que les magasins et restaurants seront ouverts comme d'habitude",
explique Seigo Usui, directeur du bureau. L'ambassade britannique au
Japon a estimé à 20.000 le nombre de supporteurs britanniques qui assisteront
aux matches, précisant que 800 à 1.000 hooligans connus seront interdits
de voyage vers l'Asie. En novembre, le parlement japonais avait durci
la législation pour empêcher les hooligans étrangers d'assister aux
matches du Mondial.
yahoo.fr - 29 Janvier 2002