Coupe du Monde 2002

 

Nicolas Anelka est un garçon attachant. A en être désarmant. Comme lorsqu'il fait semblant de s'en foutre... De passer du PSG à Arsenal ; d'Arsenal au Real Madrid ; du Real au PSG et du PSG à Liverpool. D'être ou non sur la liste des 23 joueurs qui iront au Mondial. Anelka, qui laisse une odeur de souffre là où il passe ; qui n'a pas toujours tort mais rarement raison, n'y croit pas vraiment, et ne trompe que lui même.

Caprices.

A quoi croit-il pour son retour en équipe de France, qui l'avait négligé depuis un glacial 11 novembre 2001 en Australie. Anelka, qui n'avait pas débuté un match des Bleus depuis juin 2001, a tenu son rôle en première mi-temps. Celui d'un mec qui se languit et traîne comme un mauvais souvenir lorsqu'il n'a pas le ballon. Comme il n'est pas du genre à batailler ou à récupérer, et qu'il n'est pas souvent dans le bon tempo (au bon endroit au bon moment), les ballons, il n'en n'a pas bézef. Et quand il en a un, son manque d'inspiration, de créativité, fait peine. S'il montre quelques velléités à descendre un peu pour en chercher, il n'y a plus personne sur l'aile droite.

Anelka s'ennuie sur la pelouse du stade de France, et il nous ennuie par son manque de pugnacité. Ses capri ces de môme qui croit que tout lui est dû : les ballons servi sur un plateau comme les sélections nationales. Roger Lemerre, qui dit peu, estime qu'il est «sur la même ligne que Sydney Govou ou Djibril Cissé». Et que s'il a montré ces derniers temps à Liverpool «toutes les qualités d'un joueur de haut niveau», «encore lui faut il les exprimer». C'est dire si face aux Russes, il avait le crampon sous la gorge. Mais, au lieu de relever le défi, il a laissé filer. Sans conviction, pris de vitesse sur les rares coups dans lequel le mettent ses partenaires, qui font trop souvent comme s'il n'était pas là. Et c'est presque par hasard qu'il pousse le ballon au fond des filets de Nigmatoulin, en position annoncée hors-jeu (33e). Et s'il tente d'y aller tout seul, un pied russe est là pour le contrarier, souvent celui de Yuri Nikiforov qui le suit comme son ombre. Ou alors son tir passe largement au-dessus (43e).

Ombre.

Comme Lemerre avait prévenu qu'il voulait faire jouer Anelka «le plus longtemps possible», on le retrouve donc en seconde période. S'est-il fait souffler dans les bronches par son coach, comme ses coéquipiers ? Si oui, il n'en montre rien et déroge pas de sa ligne de conduite. Dans l'ombre, au point de se faire oublier, les mains sur les hanches. Avec un tel lascar, dont on dit qu'il a retrouvé un second souf fle en Angleterre, on espère que la lumière va finalement jaillir. Mais rien n'y fait. Nicolas Anelka n'a pas montré grand chose pour gagner sa place au Mondial, sortant même sous les sifflets, à la 81e minute. Peut être qu'il s'en fout vraiment.

Libé - 18 avril 2002