Ultimes réglages
Par Richard WERLY
samedi 25 mai 2002
Conscientes que l'assistance étrangère sera sans doute inférieure
aux prévisions, les municipalités sud-coréennes ont préféré former des
bataillons de supporteurs. imanche à Séoul, les Bleus disputent leur
ultime match amical de préparation, face à la Corée du Sud (1). A cinq
jours de l'entrée en lice des champions du monde, il s'agit surtout
d'effacer la mauvaise impression laissée par la défaite face à la Belgique
(1-2) samedi dernier. L'équipe de Roger Lemerre pourra compter sur la
ferveur des Sud-Coréens, «désignés volontaires» pour supporter la France.
Il y a quinze jours, ces «fans» répétaient à Incheon, où Zidane et les
siens joueront le 11 juin contre le Danemark. Alignés comme à la parade,
vêtus de gilets bleus et de badges tricolores, une centaine d'étudiantes
et d'enseignants claquaient des mains et s'écriaient en coréen : «Allez,
les Bleus.»
Une scène qui se répétera partout où les Bleus défendront leur titre,
y compris ce dimanche pour le match contre les «Diables rouges» coréens.
Par coeur. Conscientes que l'assistance étrangère sera sans doute inférieure
à leurs prévisions (Séoul espérait 15 000 Français, le chiffre réel
sera sans doute plus proche de 5 000), les municipalités sud-coréennes
ont préféré former leurs bataillons de fans. Les grandes entreprises
du pays, sollicitées en échange de coups de pub locaux, ont payé les
billets. Des répétitions ont été organisées dans les stades pour apprendre
par coeur une poignée d'encouragements. L'attirail du parfait supporteur
(casquette, gilet, autocollants...) est fourni par les mairies : «On
en rigole, mais cela fait plaisir. On entendra au moins "Vive la France"
dans les tribunes», se réjouit André Jover, le directeur de l'Institut
français de Séoul, chargé du Mondial auprès de l'ambassade.
Au risque de quelques situations cocasses : à Incheon par exemple,
les supporteurs désignés de la Turquie sont tous d'anciens vétérans
habitués à porter les couleurs turques par-dessus leurs treillis kaki...
Côté franco-français, les derniers chiffres disponibles à Séoul faisaient
état d'environ 5 600 billets émis par la FFF, plus 2000 billets achetés
par le comité des supporteurs locaux de l'équipe de France. Parmi les
fans de l'Hexagone attendus, un millier aurait acheté des packages vendus
dans les agences de voyages et 1 500 viendraient par leurs propres moyens.
Le reste correspondrait aux billets achetés par les sociétés pour leurs
invités, mais aussi pour les nombreux concours organisés en France depuis
plusieurs semaines. «Les chiffres précis sont encore impossibles à avoir,
explique André Jover. On s'attend bien sûr à des arrivées de dernière
minute, avec la cohorte des bons et des mauvais côtés.»
Et «la Marseillaise» ?
Pour ces derniers, l'ambassade de France à Séoul a mis sur pied un
système de permanence. Un officier consulaire sera à chaque fois présent
dans les stades où joueront les Bleus. L'Institut français de Séoul
comme l'Alliance française de Busan serviront de QG aux supporteurs.
«Toutes nos étudiantes sont réclamées pour servir d'interprètes. Ça
y est, c'est parti», confirmait vendredi Hubert Sevin, patron de l'Alliance
de Busan. Reste à trouver la voix qui chantera la Marseillaise lors
du match d'ouverture France-Sénégal. Une invitation a été lancée à Patricia
Kaas. Sa présence, ces derniers jours, ne paraissait pas acquise. (envoyé
spécial en Corée)
Libé, le 25 Mai 2002