Une brève histoire des phases finales de la Coupe
du monde (1930-2002)
Uruguay 1930
Treize pays ont participé à cette première édition. Les équipes européennes
- Belgique, Roumanie, Yougoslavie et France - avaient pris le même bateau
durant deux semaines pour aller disputer la compétition en Uruguay,
faisant au passage un crochet par Rio de Janeiro pour embarquer l'équipe
brésilienne. En match d'ouverture, la France avait battu le Mexique
4-1, mais la finale a vu s'affronter l'Uruguay, pays organisateur, à
son voisin argentin. Après avoir mené 2-1 à la mi-temps, l'Uruguay a
finalement gagné 4-2 et remporté le trophée dessiné par le sculpteur
français Abel Lafleur.
Italie 1934
Fait unique dans l'histoire de la Coupe du monde, l'Uruguay, tenante
du trophée, a renoncé à défendre son titre. Dix-sept nations se sont
donc affrontées dans un tournoi à élimination directe, une nouvelle
fois remporté par le pays organisateur. Le triomphe de l'Italie, habilement
mis à profit par Benito Mussolini, a en revanche beaucoup déçu l'Argentine
et le Brésil, quelque peu vexés d'avoir fait 13.000 km pour ne jouer
qu'un seul match. En finale, l'Italie avait battu la Tchécoslovaquie
2-1 après prolongations.
France 1938
Si l'Italie a remporté son deuxième titre consécutif sur le sol français,
le contexte politique de l'avant-guerre a empêché plusieurs grandes
nations du football de disputer cette compétition. L'Autriche s'était
par exemple qualifiée avant de se retirer, certains de ses joueurs se
retrouvant finalement sous les couleurs allemandes. Quant à l'Espagne,
ravagée par la guerre civile, elle a dû également renoncer à cette édition
1938. Les équipes d'Argentine et d'Uruguay étaient également absentes.
Mais le Brésil et la Pologne ont disputé à Strasbourg l'un des plus
beaux matches de l'histoire de la compétition ; les Sud-Américains se
sont imposés 6-5 après prolongations grâce à quatre buts de Leonidas,
buteur aux pieds nus. En finale à Paris, l'Italie a battu la Hongrie
4 buts à 2. Brésil
1950
Après la Deuxième Guerre mondiale (au cours de laquelle le président
de la FIFA Jules Rimet, fondateur de la compétition, avait réclamé le
trophée aux Italiens pour le cacher sous son lit), l'Uruguay a remporté
sa deuxième Coupe du monde en gagnant "une finale qui n'était pas une
finale". L'équipe championne du monde a été désignée au terme d'un mini-championnat
entre les quatre finalistes : Brésil, Suède, Espagne et Uruguay. Le
Brésil, qui n'avait besoin que d'un match nul pour remporter le trophée,
a finalement perdu 2-1 contre l'Uruguay, au grand désespoir des 198.350
supporteurs massés dans les gradins de l'immense stade Maracana, à Rio.
Suisse 1954
Les Hongrois, champions olympiques en titre, partaient largement favoris
de cette édition grâce à des joueurs comme Puskas, Bozsik, Kocsis et
Hidegkuti, qui abordaient la finale invaincus en 28 matches internationaux.
Mais après la tristement célèbre "Bataille de Berne" contre le Brésil
- trois joueurs exclus et une bataille rangée dans les vestiaires après
le match -, les Hongrois se sont présentés diminués. En finale, après
avoir mené 2-0 contre la RFA qu'ils avaient déjà humiliée 8-3 au premier
tour, les artistes hongrois ont été battus 3-2 par des Allemands plus
réalistes.
Suède 1958
Pour le Brésil, transcendé par une jeune star de 17 ans nommée Pelé,
1958 est l'année du premier titre. Pelé a d'abord marqué contre le Pays
de Galles, avant de signer un triplé contre la France battue 5-2 en
demi-finale et un doublé contre la Suède battue également 5-2 en finale.
Le Français Juste Fontaine avait marqué 13 buts durant cette phase finale,
un record qui tient toujours 44 ans plus tard.
Chili 1962
Un autre triomphe brésilien, même si Pelé n'a joué que le match d'ouverture
contre le Mexique avant d'être grièvement blessé. En finale, son équipe
a battu la Tchécoslovaquie 3-2 à Santiago grâce à des buts d'Amarildo,
Zito et Vava. Ce tournoi a également été le théâtre de l'une des rencontres
les plus fameuses de l'histoire : "la Bataille de Santiago" entre l'Italie
et le Chili au cours de laquelle deux Italiens avaient été exclus et
un troisième agressé par un Chilien avait quitté le terrain avec le
nez cassé.
Angleterre 1966
Le pays organisateur a une nouvelle fois gagné, même si le trophée
avait été dérobé lors d'une exposition à Londres. La Coupe avait été
retrouvée quelques jours plus tard par un chien nommé Pickles dans un
buisson situé dans un jardin du sud de la capitale britannique. Pelé
avait de nouveau été blessé, par la défense bulgare cette fois. L'Angleterre,
entraînée par Alf Ramsey, a battu la RFA 4-2 en finale à Wembley, un
match au cours duquel Geoff Hurst avait signé un triplé. L'un de ses
buts reste l'un des plus controversés de l'histoire de la Coupe du monde
: le ballon a-t-il franchi la ligne après avoir rebondi sur la transversale?
Le débat n'est toujours pas clos.
Mexique 1970
Après avoir déclaré qu'il ne jouerait plus en Coupe du monde, le roi
Pelé a signé son retour pour offrir au Brésil son troisième trophée.
L'équipe brésilienne frisait alors la perfection avec des joueurs tels
que Clodoaldo, Gerson, Rivelino, Tostao, Jairzinho, Pelé et Carlos Alberto.
Lors de la finale disputée dans le stade Aztec de Mexico, les Brésiliens
ont infligé un mémorable 4-1 aux Italiens, Jairzinho devenant le seul
joueur à avoir marqué dans tous les matches. En demi-finale, l'Italie
avait battu la RFA 4-3, la seule rencontre de l'histoire de la Coupe
du monde où cinq buts ont été marqués dans les prolongations.
RFA 1974
Une fois de plus, le pays organisateur est le pays vainqueur. Les Allemands
de l'Ouest se sont imposés pour la première fois dans un tournoi qui
restera comme celui de l'apparition du "football total". Les Pays-Bas,
emmenés par l'exceptionnel Johan Cruyff, avaient pourtant battu l'Argentine
4-0 et le Brésil 2-0, mais ont perdu la finale 2-1 contre la RFA, avec
un but décisif de Gerd Müller, "der Bomber".
Argentine 1978
Le public hystérique a fait un accueil triomphal à l'équipe d'Argentine
qui, sous la dictature militaire alors en vigueur, a battu les Pays-Bas
lors d'une finale après laquelle Johann Cruyff a préféré tourner la
page. L'Argentine avait d'abord été dominée par l'Italie au premier
tour, puis elle était bien revenue en battant le Pérou 6-0 pour atteindre
la finale. Avec Daniel Passarella, Osvaldo Ardiles et Mario Kempes,
meilleur buteur avec six buts, l'Argentine avait alors une équipe hors
du commun. En finale, ils ont battu les Néerlandais 3-1 après prolongations.
Espagne 1982
L'Italie n'est sortie de son groupe qu'à la différence de buts, avant
de s'en aller gagner sa troisième Coupe du monde malgré la présence
d'une belle équipe du Brésil écartée en huitièmes de finale. Zico, Socrates,
Falcao et Eder avaient sans cesse porté le jeu vers l'attaque, ce qui
leur a coûté cette défaite 3-2 contre l'Italie, avec un triplé de Paolo
Rossi. La demi-finale France-Allemagne à Séville a ensuite marqué les
esprits grâce à des prolongations d'anthologie et une séance de tirs
aux buts dramatique, perdue de justesse par les équipiers de Michel
Platini. En finale, l'Italie l'a emporté 3-1 sur la RFA et Rossi a terminé
meilleur buteur avec six réalisations.
Mexique 1986
D'effrayants tremblements de terre avaient marqué l'année précédant
cette Coupe du monde, mais l'Argentine, avec sa star Diego Maradona,
n'a pas dévié de sa route vers la gloire. Le Brésil a été sorti par
la France aux tirs au but en quart de finale, mais les Français sont
tombés de haut contre l'Allemagne de l'Ouest en demi-finale. Maradona
a marqué deux buts à l'Angleterre, le premier inscrit volontairement
de la main, qu'il appellera ensuite fièrement "la main de Dieu", et
le second qui est tout simplement l'un des plus beaux buts de l'histoire
du football. En finale, son équipe a vaincu la RFA 3-2 devant les 115.000
spectateurs du Stade Aztec de Mexico.
Italie 1990
Une Coupe du monde décevante qui a vu se développer un football défensif
et souvent ennuyeux, avec pour résultat de nombreux matches gagnés aux
tirs au but. La finale entre la RFA et l'Argentine fut non seulement
la plus mauvaise finale de l'histoire de la compétition, mais aussi
l'un des pires matches que l'on ait vu en Coupe du monde. Tout s'est
finalement joué sur un penalty de dernière minute inscrit par l'Allemand
Andreas Brehme. L'Argentine est devenue la première équipe à ne pas
marquer lors d'une finale, mais aussi la première formation à voir deux
de ses joueurs exclus au cours de l'ultime rencontre. L'Italie, pays
organisateur, avait perdu sa demi-finale contre l'Argentine, déjà aux
tirs au but, comme l'Angleterre battue de la même façon par l'Allemagne.
Etats-Unis 1994
Ce fut l'une des plus belles Coupes du monde, entachée cependant par
une finale décevante qui a vu le Brésil l'emporter aux tirs au but après
un match nul 0-0 contre l'Italie. Mais la compétition avait été auparavant
riche en buts et en rebondissements divers. La Bulgarie, qui n'a jamais
gagné de match de Coupe du monde en 16 participations, a créé la plus
grosse surprise en battant l'Allemagne pour accéder aux demi-finales.
La touche dramatique est venue de Diego Maradona, héros de l'Argentine
championne du monde huit ans plus tôt, qui a été testé positif à la
cocaïne et exclu du tournoi. L'autre drame fut l'assassinat du Colombien
Andres Escobar, abattu quelques jours après son retour au pays pour
avoir marqué un but contre son camp contre les Etats-Unis. Les hôtes
n'ont d'ailleurs pas démérité, sortis en huitièmes de finale par le
Brésil. Les joueurs de la Seleçao méritaient de gagner cette Coupe du
monde, même si l'issue de la finale qu'ils ont gagnée aux tirs au but
ne leur rend pas justice.
France 1998
Pour la première fois depuis l'Argentine en 1978, le pays organisateur
a remporté "sa" Coupe du monde et il ne fait aucun doute que la France
méritait largement son trophée. La victoire des Français 3-0 contre
un Brésil léthargique fut sans soute la finale la plus déséquilibrée
de l'histoire. Ronaldo, qui était à l'époque le meilleur joueur du monde,
fut l'auteur d'un match affligeant, mais l'on a su qu'après le match
qu'il avait été souffrant la nuit précédant la finale. Mais la compétition
fut dans l'ensemble de très bon niveau, avec certaines équipes "débutantes"
comme la Croatie (demi-finaliste), la Jamaïque, l'Afrique du Sud et
le Japon. Zinedine Zidane s'est révélé comme l'homme providentiel de
l'équipe de France en marquant deux buts lors de la finale et son image
projetée sur l'Arc de Triomphe restera à jamais dans la mémoire collective
des Français. Dans un registre moins glorieux, l'édition 1998 détient
le record de cartons rouges (22) et jaunes (250).
Corée du Sud et Japon 2002
Le 31 mai 1996 à Zürich, la FIFA a décidé pour la première fois de
confier l'organisation de la Coupe du monde à deux pays, la Corée du
Sud et le Japon, notamment pour améliorer les relations conflictuelles
entre ces deux nations voisines. La Coupe du monde 2002 est par ailleurs
la première à se dérouler sur le sol asiatique. Il fut décidé que les
deux frères ennemis organiseraient la compétition dans vingt stades,
dix par pays, avec le match d'ouverture à Séoul et la finale à Yokohama.
Une chose paraît probable : le vainqueur ne sera pas issu du continent
organisateur, pour la première fois depuis la victoire du Brésil en
Suède en 1958.